Thème astral de Gaston de France
Reproduction partielle du thème astral en la nativité du duc d'Anjou, Gaston de France.
Le thème porte la date du 24 avril 1608, 9 heures du matin, et mentionne Fontainebleau. Il décrit la position des astres dominants en la nativité du duc d'Anjou. Ce titre fut donné à Gaston de France à sa naissance, à cette date, comme troisième enfant du couple royal. Le premier né était le dauphin Louis, futur Louis XIII, le second, Nicolas de France, duc d'Orléans de sa naissance en 1607 jusqu'en 1611, année de son décès. Ce titre revint alors à Gaston, appelé parfois, d'Orléans. Il fut aussi surnommé "Monsieur" sous le règne de son frère Louis XIII.
Ce thème natal fut réalisé en avril 1608 par Cosme Ruggieri, portant à cette époque l'identité de Cosme de Rogier comme en témoigne la signature portée sur le manuscrit. Très certainement commandé par Marie de Médicis à l'occasion de la naissance de son troisième fils, Gaston, issu du mariage avec Henri IV, ce document est exceptionnel car de la main même de l'astrologue.
Il prouve que Ruggieri entretenait encore à cette époque des liens étroits avec la famille royale, avec la reine et avec sa conseillère, confidente rapprochée, et soeur de lait, Léonora Dori, dite la Galigaï. Lors du procès pour lèse-majesté divine intentée en 1617 contre cette dernière, et contre feu son époux Concini à titre posthume, ancien maréchal d'Ancre, la relation avec Ruggieri fut évoquée et reprochée comme un des éléments à charge. L'astrologue était pourtant déjà décédé depuis deux ans. Les conditions de sa mort, et sa déclaration d'athéiste qui l'avait précédé, laissèrent une trace suffisante dans les esprits pour pouvoir encore être utilisée pour condamner la Galigaï pour "juiverie" et sorcellerie. Des figurines de cire, oeuvres supposées du nécromancien, déposées cette fois dans des cercueils furent encore mentionnés par le tribunal chargé d'instruire l'inculpée. Le témoignage d'un certain César, Jean du Châtelet, qui avait été associé lors de la Semaine Sainte 1615 à la mort "scandaleuse" de Ruggieri, réputé mort dès lors, réapparu, détenu à la prison de la Bastille, et fut apporté au dossier pour accabler les Concini de prétendues pratiques liée à celles de l'astrologue.
La lecture des pièces à charge dans ce procès est si édifiante de naïveté et de parti pris, comme la consommation de crêtes de coq par la Galigaï, l'utilisation d'étoffes qui auraient pu servir à la pratique juive ou la lecture de psaumes de cette confession, la fréquentation de personnes jugées "sataniques" comme les "Ambrosiens" de Nancy, la consultation de "sorciers", ou réputés tels, comme Ruggieri et autres Mathieu de Montenay, qu'elle jette un énorme discrédit sur la condamnation dont fut l'objet Léonora Dori, veuve du défunt maréchal d'Ancre, assassiné au Louvre quelques mois auparavant sur ordre du roi Louis XIII. Elle fut cependant décapitée en place de Grève et son corps brûlé. Tous les biens et titres des Concini furent saisis, leur descendance contrainte à l'exil.